lundi 30 janvier 2012

La dépression



Selon l’OMS, l’une des plus grandes causes d’invalidité aujourd’hui est la dépression. Pour Gilles Pentecôte, médecin naturopathe et thérapeute, d’après ses sources communiquées lors de la conférence de l’ONS du 26 Janvier 2012, 30% des jeunes qui naissent aujourd’hui feront une dépression dans leur vie d’adulte voire même d’adolescent. Le National Mental Health Information Center indique que 15% des enfants et adolescents souffriraient de symptômes dépressifs. Devant ces chiffres alarmistes, on ne peut guère s’étonner que la dépression soit un sujet d’inquiétude et de recherche pour tous les professionnels de la santé. De plus, le trouble est sous-diagnostiqué : 50% des patients atteints sont correctement diagnostiqués et sur ces 50%, seulement 10% sont correctement pris en charge. Alors pourquoi ? D’une part, les médecins généralistes ou thérapeutes n’ont souvent pas les outils adéquats à leur disposition pour leur permettre de poser un diagnostic. De surcroît, le patient lui-même n’est pas conscient de son état et tend à minimiser ses ressentis au point de les ignorer. Les hommes sont particulièrement touchés par ce phénomène car le sentiment de honte, de possible jugement prédomine. Qu’en diront ma famille, mes proches, mes amis ? Dans une société ultra-performante, il n’y pas de place laissée à la « panne». Or la dépression relève d’un épuisement total de la personne tant psychique que physique.  Si les guérisons spontanées existent, dans la plupart des cas, il n’est guère possible de s’en sortir tout seul. D’autant que, plus vite on intervient, meilleures sont les chances de succès et  moindres sont les risques de récidives. Car malgré la prise de médicaments, les risques de rechute sont de 50% après la première épreuve, 70% après la 2ème et 90% après la 3ème ce qui induit des traitements à vie sous anti-dépresseurs. Comment définir la dépression ? C’est un trouble de l’humeur qu’il ne faut pas confondre avec les hauts et les bas qui font partie de la vie normale. La dépression clinique se caractérise par de longues périodes de tristesse et de lassitude, où rien n’est agréable et où l’activité physique baisse. Les symptômes sont les sautes d’humeur, l’engourdissement, une alimentation et un sommeil perturbés, un manque d’énergie, et un sentiment d’inutilité ou d’inadaptation. Dans le cas d’une dépression chronique atténuée (dysthymie), une personne poursuit sa vie mais pas à pleine capacité, ce qui fait que le problème reste souvent méconnu. Selon Gilles Pentecôte la dépression est un épuisement du système nerveux qui se manifeste sur tous les plans de l’être :  physiques (baisse du système immunitaire, herpès, migraines, maladies psycho-somatiques), énergétiques (épuisement), relationnel (pas d’envie), émotionnel (tristesse, colère, irritabilité, angoisses, culpabilité, capacité d’amour disparue) et cognitif (baisse de la mémoire, obsessions, ruminations, souvenir des moments négatifs). Il existe différentes formes de dépression de légère, modérée à grave. Sur le site Spiralibre il est possible de télécharger les tests d’évaluation (Beck) afin de déterminer l’importance de la dépression. Les causes de la dépression sont multiples comme est multiple sa prise en charge. Les causes exogènes peuvent relever des revers de la vie (décès, divorce, licenciement …) ou de maladies (dans la sclérose en plaque et l’Hépatite B et C, la prise d’Interféron déclenche 15 à 20% des états dépressifs). Elles peuvent aussi être d’origine hormonales (accouchement, ménopause, le niveau de mélatonine chez les personnes venant de pays chauds et vivant dans un pays froid), ou être déclenchées par certains âges de la vie qui fragilisent (départ des enfants). Lors d’un deuil, il ne faut traiter que s’il y a dévalorisation de soi-même autrement le deuil se fait naturellement. Les causes endogènes sont d’ordre génétique ou épigénétique (le milieu familial), la bi-polarité mais aussi les problèmes de personnalité (estime de soi, incapacité à s’entourer d’amis, sensibilité au jugement de l’autre, tempérament perfectionniste, surcapacité à organiser, à anticiper l’avenir). Quant aux conséquences elles sont nombreuses mais réversibles : baisse des neuromédiateurs (sérotonine, noradrénaline) ; le volume de certaines parties du cerveau s’atrophient (cortex pré frontal gauche, hippocampe) ; atteinte des rythmes cérébraux ; diminution des hormones issues des surrénales. Quelles sont les solutions ? Tout comme le système immunitaire, la dépression enclenche des processus cérébraux mémoriels qui une fois expérimentés, auront tendance à se reproduire selon le même schéma (façon de penser, événements déclenchants etc …). Ce phénomène insidieux ne peut souvent se régler par une simple prise de médicaments. En effet, il faut un changement de mode de vie important doublé de la remise au centre du patient comme acteur de sa guérison pour que le cercle infernal soit rompu. Car qui d’autre que soit peut reprogrammer, re-cabler son cerveau en recréant de nouveaux chemins neuronaux ? Si les antidépresseurs peuvent être utiles un temps afin de faire « sortir » la personne du trou noir de la vacuité (ils augmentent le niveau de sérotonine qui favoriserait la croissance de nouveaux neurones dans l’hippocampe lié à la régulation de l’humeur – de plus ils rendent plus efficaces les thérapies), ils ne sont pas suffisants. De quel mode de vie parle-t-on ? Cela vous étonnera-t-il si cette appellation recouvre certaines  techniques essentielles de la naturopathie ? Commençons tout d’abord par l’exercice physique : le sport (3 fois par semaine) multiplie les synapses et accroît la neurogénèse. Il préserve l’estime de soi sans compter le rôle social etc … L’alimentation bien sûr : les Om3 à travers les EPA/DHA qui vont contribuer à améliorer le gainage neuronal en myéline (et donc la vitesse des contacts neuronaux) ; la Vitamine B12 et la B9 qui jouent un rôle dans l’équilibre du système nerveux ; du côté des oligo éléments : le magnésium et le calcium (qui favorise les connexions synaptiques), le fer, la vit D (qui permet une meilleure absorption du magnésium et du calcium). La structure : retrouver un rythme de vie qui structure la pensée et le corps grâce à une routine quotidienne régulière qui conforte et réconforte (heures des repas, du sommeil …). Un bon sommeil bien sûr qui est le premier réparateur du système nerveux. L’aromathérapie peut aussi aider : épinette noire pour les surrénales par exemple, petitgrain clémentinier sur le plexus. Les techniques manuelles apportent un soulagement certain (osthéo si blocage de cevicales) et aident à retrouver une meilleure estime de soi (massages). Si la naturopathie peut résoudre de manière efficace les dépressions légères (dépressions dont le résultat au questionnaire de Beck est inférieur à 8) ou exogènes, les dépressions plus graves auront besoin d’un accompagnement pluri-disciplinaire. Les antidépresseurs pourront être proposés sur une certaine durée pour toute échelle de Beck supérieure à 16. En revanche les somnifères seront à utiliser avec précaution (cause de démences séniles) ainsi que les timorégulateurs et les anxiolytiques (qui entraînent une dépendance et donc à réduire petit à petit). Si les médicaments ne préviennent pas les risques de rechute, certaines  psychothérapies les réduisent de 30% : entre autres les thérapies comportementales et les thérapies cognitives (qui reprogramment la pensée positive au quotidien), les thérapies interpersonnelles qui font travailler sur l’entourage. Enfin et pour finir, l’approche mindfulness (ou méditation) qui réduit de 30% supplémentaires les récidives en plus des psychothérapies. Elle permet de travailler la respiration grâce à des expériences de pleine conscience (à raison de 30 min par jour) qui induisent un travail sur le schéma corporel – le vivre « ici et maintenant » – l’auto-compassion (je suis digne de bonté pour moi-même) et l’accueil des émotions négatives. Gilles Pentecôte propose des stages sur son site Spiralibre. La dépression est une problématique sérieuse et complexe qui peut de plus en plus facilement être traitée lorsqu’elle est prise à temps. Les solutions existent et donnent de l’espoir à de nombreux patients et familles désemparés. De plus, devant l'ampleur du phénomène, il est essentiel d'en préserver nos enfants par une hygiène de vie correcte afin de leur redonner une structure qui aujourd'hui leur manque tant. Notre rôle de parent, ô combien difficile, n'est-il pas finalement de leur apprendre à aimer, être aimé, s'aimer comme simples garants de moments de bonheur ?